Jusqu'au bout de la nuit … les sons et lumières
vacillent en une musique tournoyante, énergique, essentielle.
Une écoute, acousmatique, dont
le noir est la toile, dans un dépouillement de gestes et voix jalonnés de
traits, dessins, tableaux lumineux.
Une musique théâtralisée, celle qui part du sol,
du corps, pour épouser l'espace environnant, sans jamais le dévoiler, mais
l'utiliser comme toile pour dire et sentir.
Susurré ou crié, il reste secret.
Une musique théâtralisée qui
part et parle de l'essentiel, de ce qui reste à imaginer d'un dévoilement
subtile et poétique véritablement composé, une interprétation de soi, un miroir
d'espoir.
Corps embrasés de lumières obscures, voix qui
percent le silence d'une nuit étrange, musicale, odorante… un drame se déroule
sous nos yeux, dans nos oreilles.
Il est difficile de prêter attention au verbe,
tant il devient musique et nous berce, bouscule, transporte. Et pourtant
l'histoire est là, initiale, initiatrice d'une structure musicale raffinée.
Dans le dépouillement, dans la richesse des facettes, dans la qualité vocale et
gestuelle d'interprètes dévolus à sa cause, manipulés par un immense travail,
hors de leurs corps, libérés d'eux-mêmes, ils montrent leurs cœurs qui battent
au grand jour de l'écoute.
Je ne peux que m'émerveiller d'un tel travail,
d'une telle richesse et honnêteté de démarche, réalisation et réussite. Martine
Venturelli avec ses comédiens-musiciens réussit ce que tout compositeur
souhaite faire naître et ressentir : un condensé des sens qui devient partition
musicale.
Il reste à espérer qu'en cette époque de perte de
repères, de sens, diaphane et trop souvent inconsistante, leur travail et
connaissance puisse être partagé par le plus grand nombre.